Repas gastronomique des français

Depuis plus de 50 ans, l’UNESCO protège le patrimoine culturel et naturel de la planète. Etaient concernés dans un premier temps le patrimoine culturel, c’est-à-dire les monuments créés par l’homme et les formations naturelles exceptionnelles. En 2003, l’UNESCO a ajouté dans le périmètre de sa protection le patrimoine immatériel. L’UNESCO définit le patrimoine culturel immatériel comme étant «Traditionnel, contemporain et vivant à la fois : le patrimoine culturel immatériel ne comprend pas seulement les traditions héritées du passé, mais aussi les pratiques rurales et urbaines contemporaines, propres à divers groupes culturels.» Sont inscrits au patrimoine immatériel de l’UNESCO, par exemple, le café arabe, la bière belge ou la pizza napolitaine. La baguette française a également fait acte de candidature.

En 2010, l'UNESCO enregistrait le repas gastronomique des français au patrimoine immatériel de l'humanité.
L'UNESCO retient une définition bien précise: "Il s’agit d’un repas festif dont les convives pratiquent, pour cette occasion, l’art du « bien manger » et du « bien boire ». Le repas gastronomique met l’accent sur le fait d’être bien ensemble, le plaisir du goût, l’harmonie entre l’être humain et les productions de la nature. Parmi ses composantes importantes figurent : le choix attentif des mets parmi un corpus de recettes qui ne cesse de s’enrichir ; l’achat de bons produits, de préférence locaux, dont les saveurs s’accordent bien ensemble ; le mariage entre mets et vins ; la décoration de la table ; et une gestuelle spécifique pendant la dégustation (humer et goûter ce qui est servi à table). Le repas gastronomique doit respecter un schéma bien arrêté : il commence par un apéritif et se termine par un digestif, avec entre les deux au moins quatre plats, à savoir une entrée, du poisson et/ou de la viande avec des légumes, du fromage et un dessert. Des personnes reconnues comme étant des gastronomes, qui possèdent une connaissance approfondie de la tradition et en préservent la mémoire, veillent à la pratique vivante des rites et contribuent ainsi à leur transmission orale et/ou écrite, aux jeunes générations en particulier. Le repas gastronomique resserre le cercle familial et amical et, plus généralement, renforce les liens sociaux."

L’inscription d’un élément au patrimoine immatériel immatériel de l’UNESCO s’accompagne obligatoirement de mesures de sauvegarde afin d’en assurer la protection et la promotion. Pour le repas gastronomique des Français, la France s’est engagée sur trois axes :
- La transmission des valeurs du repas gastronomique des Français aux nouvelles générations. Cette transmission part du principe que « Bien manger, c’est l’affaire de tous » : valorisation des produits et des savoir-faire culinaires, promotion du tourisme gastronomique sur les territoires, mise en avant du modèle alimentaire français à l’étranger, transmission de ces valeurs aux enfants dans les écoles ;
- Le développement d’instruments de recherche et de coopération de dimensions nationales ou internationales ;
- La création de Cités de la Gastronomie, établissements culturels dédiés. C’est le cas aujourd’hui avec les cités de la gastronomie de Tours, de Dijon et de Lyon ainsi que de la future cité de Paris-Rungis.

La gastronomie est depuis le règne du roi Soleil au service de la France. Louis XIV a en effet fait rayonner la gastronomie et l’art de la table dans le monde entier. Il en faisait un outil de prestige.

Plus tard, Charles-Maurice Talleyrand, ministre français des affaires étrangères, épaulé par son fidèle cuisiner Antonin Carême, a mis au point l’arme du goût en organisant des « dîners d’ambassadeurs » avant l’ouverture du congrès de Vienne en 1815. L’objectif était clairement d’influencer les diplomates afin d’obtenir un traité le moins lourd possible pour la France.

Plus récemment, les gouvernements successifs ont continué cette gastro-diplomatie avec la mise en place dès 2015 de l’opération « Goût de France / Good France ». Pendant trois jours, dans le monde entier, restaurants, ambassades et consulats à l’étranger organisent des repas. Le succès fulgurant de cette opération renforce le soft-power de la France.