Dans le Puy-de-Dôme, l’histoire de la cité médiévale de Thiers est intimement liée à celle de la coutellerie artisanale haut de gamme. Depuis plusieurs siècles, la ville est le siège de la plus grosse production française d’instruments tranchants. Le bassin thiernois s’est modernisé, mais a su conserver son savoir-faire d’excellence et continue de façonner des couteaux régionaux emblématiques. Partons à la découverte de sept d’entre eux.
7 couteaux régionaux emblématiques fabriqués à Thiers
1. Le Thiers
Paradoxalement, cette lame emblématique qui porte le nom de la capitale française de la coutellerie n’a vu le jour que tardivement. En effet, malgré des siècles de production coutelière thiernoise, la cité possède ce modèle à son effigie depuis une trentaine d'années seulement. C’est en 1994 que la Confrérie du Couteau de Thiers a mené ce projet de dépôt de l’appellation auprès de l’INPI.
Le couteau Le Thiers est une version du couteau étalon. Il a une forme de double vague. Sa courbe est continue et légèrement arrondie, et ses extrémités présentent une légère pente inversée. La hauteur du manche doit être plus importante à la tête du couteau qu’au cul.
Le logotype gravé en T. est visible sur la lame et sur la mitre. Le marquage « Le Thiers® » est complété par le nom de l’artisan coutelier.
2. Le Laguiole
Le couteau Laguiole est probablement le tranchant le plus connu en France et aux quatre coins du globe. Ce couteau emblématique porte le nom d’un village de l’Aveyron, capitale de l’Aubrac, qui désigne également un nom de fromage. Le Laguiole est né d’une combinaison entre le Capuchadou, un couteau rustique des paysans de l’Auvergne et le Navaja, un couteau des travailleurs saisonniers espagnols.
À lame fixe ou pliable, le Laguiole est facilement reconnaissable à :
- sa ligne pointue un peu courbée avec le nom du fabricant
- son manche qui redescend vers l’arrière au niveau du corbin
- Sa mouche ou abeille dont le design et les détails peuvent varier selon la touche apportée par l’artisan
Le manche peut être orné de la croix du berger pour rappeler la tradition. Le ressort guilloché affirme quant à lui le travail artistique du maître coutelier.
3. L’Aurillac
Aussi appelé l’Aurillacois, ce couteau de poche pliant est originaire du Cantal. C’est une référence historique en Auvergne où il trouvait sa place dans les poches des paysans et des bergers. Traditionnellement, l’Aurillac était doté d’un manche en corne ou en bois de buis.
Il se reconnaît à sa lame caractéristique en forme de feuille de sauge. Plus large que le manche, la lame est surmontée d’une mitre bombée simplement brossée pour un effet mat.
La lame peut être guillochée à la main, mais l’Aurillac reste un couteau simple et épuré, fabriqué sans poncetage.
4. Le Rouennais
Le Rouennais est un couteau rustique et sobre qui accompagnait les paysans et les éleveurs de Normandie. Aussi appelé Queue de vache, il est fabriqué à partir du 19ème siècle et se caractérise par une lame droite qui peut également être utilisée comme coupe-papier.
Son manche, décliné en diverses essences de bois nobles et en corne, a la particularité d’être muni de 5 clous à l’assemblage.
5. L’Issoire
Ce couteau à poinçon, aussi appelé « marchand de vin » est un modèle de luxe. Emblématique de la coutellerie traditionnelle d’Auvergne, l’Issoire doit répondre à différents critères. Il se compose :
- De 2 mitres d’acier massif, la première étant plutôt longue et la seconde en arrière se termine en bec-de-corbin
- Une lame en forme de feuille de sauge plongeant vers l’avant
- Un poinçon dit « marchand de vin » qui avait pour fonction de retirer les bondes des fûts de vin
L’Issoire était parfois en ivoire ou en os, et persiste désormais avec des essences de bois nobles.
6. Le Pradel
C’est un des rares couteaux fabriqués à Thiers qui ne doit pas son nom à un territoire, mais à son inventeur Etienne Pradel, qui a trouvé l’inspiration dans la coutellerie anglaise. Pourtant, le Pradel est un grand classique de la coutellerie française qui se fait une place de choix dès le 19ème siècle dans l’équipement des marins normands et bretons.
Le Pradel se caractérise par une lame à pointe centrale et une mitre carrée. Le manche est généralement plat et droit avec cinq ou six rivets de maintien.
7. L’Alpin
C’est un couteau montagnard caractéristique de la région des Alpes et fortement lié à la tradition alpine. Ce couteau accompagnait les bergers des alpages, mais aussi les premiers alpinistes qui partirent à l’assaut des monts enneigés.
L’Alpin est léger, compact et résistant. Aussi appelé l’Alpiniste, le Savoyard ou encore le Montagnard, il est reconnaissable à sa mitre biseautée et sa lame avec une arête sur le contre-tranchant. Le manche, traditionnellement en bois clair ou en corne, était maintenu par trois rivets.
Article rédigé par
goyon-chazeau.com