Histoire de l’argenterie : de l’antiquité au XXIe siècle

Histoire de l’argenterie : de l’antiquité au XXIe siècle

Histoire de l’argenterie : de l’antiquité au XXIe siècle

L’argent est un métal précieux, au même titre que l’or, le platine et le palladium. C’est pourquoi l’argenterie, au travers d’objets de décoration et de couverts de table, a toujours été un symbole de richesse et de prestige. Elle a connu des évolutions notables au fil du temps, tant dans son style que dans ses usages. Dès lors, nous vous convions à un merveilleux et émouvant voyage à travers les siècles. Vous remarquerez comment ces pièces d’exception ont ponctué les différentes époques de l’histoire humaine, en révélant des aspects artistiques et sociaux uniques.


Les origines de l’argenterie

L’origine du mot « argent » dérive probablement du latin argentum qu’on peut apparenter au terme grec ancien argos qui signifie blanc, brillant ou à celui d’Arjuna (blanc en sanscrit) que l’on trouve dans le Mahâbhârata, un livre sacré de l’Hindouisme.

L’argent est extrait des mines depuis 5000 ans et il a rapidement contribué à l’enrichissement des civilisations du Proche-Orient, de la Grèce et de la Crête. Il a joué un rôle culturel dans la société égyptienne dès la première dynastie pharaonique. D’ailleurs, les Égyptiens considéraient l’argent comme deux fois plus précieux que l’or en tant que monnaie.


L’utilisation de l’argenterie durant l’Antiquité

Si, en Chine et au Japon, les mets étaient servis dans de la vaisselle en porcelaine, dans le reste du monde les notables de l’époque préféraient prendre leur repas dans des plats en métal précieux, et plus particulièrement en argent. C’est ainsi que l’on peut admirer au Musée d’archéologie nationale au Grand Palais, à Paris, le Canthare d’Alésia datant de la période gallo-romaine (entre la moitié du 1er siècle av. J.-C. et le début du 1er siècle après J.-C).

On peut également citer l’extraordinaire découverte faite en 1628 à Trèves, dans le noviciat des Jésuites : une cinquantaine de pièces de vaisselle en argent pour un poids de près de 115 kg datant de la Rome tardive. Malheureusement, il n’en reste que des écrits descriptifs dans les archives, ce trésor ayant été fondu pour répondre aux besoins financiers de la guerre de Trente Ans.

Enfin, durant l’hiver 1961-1962, toujours à Trèves, un magnifique vase en argent de la même période fut retrouvé dans une décharge ! Il s’agit d’une splendide œnochoé de grandes dimensions. Cet objet, à panse ovoïde avec un col très étroit et une anse, permettait de verser le vin dans des coupes. Ces découvertes sont le reflet de la place prééminente occupée par l’argenterie chez les Romains, tout particulièrement vers la fin de la période de l’Antiquité.


L’argenterie et les banquets du Moyen-Âge

Le Moyen-Âge est l’époque des banquets où les représentants de la haute société se retrouvent autour de longues tables sur lesquelles les mets les plus luxueux sont servis. Tous les événements de la vie sont alors l’occasion d’orchestrer de fastueux festins qui ont laissé des traces dans l’histoire, comme celui organisé à Paris en 1461 par Philippe le Bon, duc de Bourgogne qui rassembla tous les seigneurs apparentés à la famille royale, ainsi que les grands barons de France.

Au Moyen-Âge, la fourchette n’est pas encore très connue et les couverts se limitent aux couteaux et cuillères, les convives utilisant souvent leurs doigts pour manger. Néanmoins, les banquets sont l’opportunité de garnir les tables de superbes pièces. Ainsi, Louis d’Anjou possédait en 1384 une vaisselle composée de 3 000 pièces en or, en vermeil et en argent blanc.

Le but de ces banquets est l’occasion d’impressionner les invités non seulement par les mets qui sont servis, mais aussi par la manière dont ils sont exposés. Ainsi, lors du banquet de couronnement de Clément VI, pape d’Avignon, les fruits frais furent suspendus aux branches d’un arbre en argent, tandis que les fruits confits étaient présentés sur un arbre naturel.


De la Renaissance à l’époque moderne : l’âge d’or de l’argenterie

La conquête du Nouveau Monde ouvre de nouveaux horizons avec la découverte de nombreuses mines d’argent. En 1545, le gisement de Potosí permettra d’extraire chaque année plus de 100 tonnes d’argent et cela pendant près d’un siècle.

La Renaissance marque un tournant décisif pour l’argenterie avec l’apparition de styles plus élaborés où l’on retrouve des influences italiennes, flamandes et françaises. Des maisons d’orfèvrerie éminentes, telles que celles de Benvenuto Cellini en Italie, ont marqué cette époque par la qualité et la beauté de leurs œuvres. À la demande de François 1er, il réalisa la fonte d’un Jupiter d’argent, un impressionnant candélabre de la taille du roi. Malheureusement, l’arrivée des guerres de religion entraînera la fonte de ce chef-d’œuvre.

Les arts de la table évoluent aussi. Ainsi le couteau n’est plus seulement un objet utile comme au Moyen-Âge où il permettait de piquer la nourriture avec sa lame pointue pour la porter à sa bouche, mais il devient un objet de prestige. En or ou en argent, muni d’un manche en ivoire ou en nacre, il est décoré avec raffinement à l’aide de pierres précieuses ou semi-précieuses.

Au XVIIIe siècle, les goûts évoluent une fois de plus et l’on assiste à l’arrivée du style rococo, une extension frivole du style baroque, avec des pièces d’argenterie finement ciselées et parfois extravagantes. Puis c’est le grand retour aux sources de l’Antiquité avec l’apparition d’un style plus sobre, le néo-classique.

Enfin, l’ère industrielle révolutionne la production de l’argenterie permettant ainsi de fabriquer en série des objets à moindre coût et donc plus accessibles à toutes les bourses.


L’argenterie contemporaine

Si les jeunes générations se sont détournées pendant un certain temps des ustensiles en argent, en boudant les ménagères de leurs grands-mères, on constate aujourd’hui le grand retour de l’argenterie sur les tables. Des pièces modernes aux formes épurées côtoient avec bonheur des pièces vintage. Sortir l’argenterie n’est plus un geste réservé aux occasions majeures et l’on ne peut que se réjouir de voir réapparaître des joyaux un temps oubliés !

Article rédigé par Thierry Villotte

La Maison du Bac

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