Cette céramique d’exception fascine le monde entier par son élégance et son raffinement. Elle a conquis le milieu de la haute gastronomie et des arts de la table, ainsi que l’univers luxueux de la mode et des arts décoratifs. Percez les secrets de fabrication de la porcelaine de Limoges. Découvrez les huit grandes étapes, artisanales ou mécaniques, de l’extraction des matières premières jusqu’à la finition.
Percez les 8 secrets de fabrication de la porcelaine de Limoges
1. La composition de la pâte à porcelaine
Tout commence par la préparation de la pâte pour laquelle trois roches sont nécessaires dans les proportions suivantes : une moitié de kaolin, un quart de quartz et un quart de feldspath.
La situation géographique de la Haute-Vienne, avec son abondance de feldspath et de quartz, son gisement de kaolin, ses forêts et ses cours d’eau, a grandement participé à l’essor de la production de la porcelaine de Limoges. Le sous-sol fournissait les matières premières et les rivières assuraient le nettoyage et le broyage des roches qui étaient ensuite tamisées et filtrées afin d’être transformées en pâte.
2. La préparation du moule
La création du modèle se fait à partir d’un dessin à l’échelle finale. Le moule en plâtre est réalisé à partir d’un volume dit à « taille crue », c’est-à-dire environ 14 % plus grand que la taille souhaitée pour la pièce finale. En effet, la cuisson va entraîner un retrait significatif de la porcelaine.
Après validation du premier échantillon, ce moule mère permet ensuite de confectionner les moules de production en plus grande série, à partir de plâtre, de résine ou d’acier.
3. Le façonnage d’une pièce en porcelaine de Limoges
Différentes méthodes sont employées selon la finalité de l’objet et la consistance de la pâte.
Le coulage
Ce procédé utilisant la pâte liquide est plutôt destiné à la fabrication de pièces creuses, notamment des soupières ou des vases. La barbotine est versée dans des moules en plâtre. Par capillarité, l’eau est absorbée par la porosité du moule qui conduit la pâte à se fixer contre les parois.
Elle se met alors à durcir sur une épaisseur de plus en plus conséquente. Au bout du temps imparti selon le modèle, l’excédent de pâte liquide est évacué. Puis, la pièce se raffermit et se rétracte, permettant le démoulage.
Le calibrage
Cette technique employant des pâtons semi-mous est réservée aux pièces plutôt rondes et hautes, comme les tasses ou les saladiers. La galette de pâte est déposée dans un moule en plâtre qui est ensuite mis en rotation avant de recevoir l’outil métallique, appelé calibre, qui exerce une pression en creux ou en bosse pour obtenir la forme désirée.
L’excédent est découpé au couteau et le démoulage se réalise après rétractation de la pièce.
Un autre processus plus récent peut être employé pour les assiettes. Il s’agit du pressage isostatique : à partir de poudre atomisée, la pâte est comprimée entre deux blocs en acier recouverts d’un revêtement polyuréthane.
4. Les finitions
Le retrait du moule laisse des marques dans la pièce de porcelaine. Ces coutures, ainsi que les éventuels autres défauts, sont éliminés à la main.
C’est aussi lors de cette étape que sont ajoutés les becs, les anses et autres garnitures. L’assemblage sur le corps des objets s’effectue à l’aide de barbotine mélangée à un liant. Il faut également procéder au perçage des trous sur les théières avant de passer à la prochaine étape.
5. La cuisson de dégourdi
Cette première cuisson, aussi appelée cuisson de dégourdi, est réalisée entre 900 et 1000 °C en atmosphère oxydante.
Cette cuisson durcit les pièces de porcelaine afin de leur conférer une grande résistance mécanique. La chaleur des fours assure aussi une porosité suffisante pour pouvoir fixer l’émail sur la surface.
6. L’émaillage
Les pièces de porcelaine de Limoges sortent du four avec un aspect mat et une texture poreuse. L’étape d’émaillage assure un rendu lisse et brillant. L’émail se compose de dolomie, de craie, de kaolin, de quartz et de feldspath dans des proportions différentes de celles de la pâte à porcelaine.
Avant d’être recouvertes d’émail, les pièces sont nettoyées à l’éponge ou légèrement soufflées afin d’ôter les poussières résiduelles. Elles sont ensuite trempées à la main dans un bain d’émail. Puis le pied est « désémaillé » pour ne pas coller au tapis de cuisson.
7. La deuxième cuisson
Cette deuxième cuisson est dite de grand feu puisque la température monte à 1400 °C. Cette étape, qui se déroule sur 24 heures, va permettre de vitrifier l’émail et d’obtenir la blancheur et la translucidité caractéristiques de la porcelaine de Limoges.
Les pièces vont essuyer un retrait de 10 à 12 % de leur volume jusqu’à atteindre leur forme définitive. Elles sont ensuite contrôlées une à une pour mettre de côté celles qui ont des défauts : déformations, fêlures, tâches…
8. La décoration
Les différentes techniques de décoration requièrent un savoir-faire d’excellence et une grande habileté manuelle. Cette étape participe au prestige de cet artisanat de luxe qu’est la fabrication de porcelaine de Limoges.
- La peinture des filets et des bandes : les émaux et les couleurs vitrifiables sont apposés à la main à l’aide de pinceaux de différentes tailles.
- Le décor par décalcomanie : sur le principe de la chromolithographie, le motif se détache de son support. Puis il est transféré sur la surface sous l’effet de l’eau.
- L’incrustation par gravure : le décor est creusé dans l’émail sous l’effet d’un bain d’acide fluorhydrique, alors que le reste de la porcelaine est recouvert d’un vernis protecteur. Après rinçage, deux couches d’or ou de platine sont appliquées dans ces motifs en creux, suivies chacune de deux cuissons de finition.
- La pose d’or en relief : les motifs au pinceau sont réalisés en relief à l’aide d’une pâte spéciale qui est ensuite saupoudrée d’or.
Le sablage est indispensable pour toutes les porcelaines comportant de l’or. Les pièces entièrement manufacturées selon le cahier des charges de l’appellation géographique sont ensuite estampillées « Porcelaine de Limoges ».
Article rédigé par
PILLIVUYT