La porcelaine bleu et blanc est aujourd’hui l’une des formes d’art les plus reconnues et admirées à travers le monde. Née il y a environ 1 000 ans en Chine, elle fait partie d'un héritage artistique millénaire et doit l’intensité de la couleur bleue de ses décors à un métal rare, le cobalt. Ses motifs délicats et son éclat unique ont conquis de nombreuses cultures. Nous vous invitons à découvrir son histoire fascinante au travers des étapes qui ont marqué son évolution, les premières techniques de sa fabrication et la manière dont elle a influencé la culture.
Porcelaine bleu et blanc : un héritage artistique millénaire
1. Les étapes marquantes de la porcelaine bleu et blanc
Sous la dynastie des Yuan
En 1271, la dynastie des Yuan est établie par les Mongols ; elle supplante la dynastie des Song, une dynastie purement chinoise dont les empereurs avaient un goût prononcé pour les arts. Il existait alors un code esthétique dont il n’était pas question de s’éloigner. En revanche, les Yuan éprouvaient peu d’intérêt pour l’art chinois traditionnel. C’est ainsi qu’ils ont plutôt mis en valeur des influences islamiques et tibétaines. Ce changement a permis de libérer la créativité des artisans qui ont pu enfin laisser libre cours à de nouvelles expérimentations.
Ainsi, l’empire mongol a apporté sa culture ethnique avec le choix de la couleur blanche, tandis que le bleu, une des couleurs préférées des musulmans en tant que symbole de l’eau, a été imposé par la culture islamique. Ces tendances innovantes, associées à la reprise des importations de bleu de cobalt depuis les routes maritimes du golfe persan, sont à l’origine d’une porcelaine bleu et blanc dont l’âge d’or interviendra sous la dynastie des Ming.
La porcelaine bleu et blanc des Yuan se différencie des porcelaines Song, à la fois par ses décors et sa qualité technique avec l’ajout de kaolin à la pierre à porcelaine, ce qui a permis d’aboutir à une porcelaine parfaite.
Si les Song utilisaient déjà les fours de Jingdezhen pour cuire leurs poteries, la ville est devenue le plus grand centre de fabrication de porcelaine en Chine avec la dynastie des Yuan et le succès de la porcelaine bleu et blanc. Puis, elle a conquis le titre de capitale mondiale de la porcelaine sous les Ming et ce, jusqu’à l’arrivée de la dynastie des Qing en 1644.
Sous la dynastie des Ming
Dès 1369, un décret exerça une influence déterminante sur l’usage de la porcelaine. En effet, jusqu’à la parution de cette nouvelle réglementation stipulant l’obligation d’utiliser des récipients en porcelaine pour les rites officiels, seuls les récipients en métal étaient en usage. Dès lors, la majorité des objets liturgiques, à l’exception des vases sur les autels, ont été remplacés par de simples plats en porcelaine qui avaient pour but de témoigner du mandat céleste des Ming.
Cette dynastie a œuvré pour renouer des contacts diplomatiques et commerciaux avec de nombreux États. Il s’agissait de redonner une nouvelle image de la Chine après des années d’invasion mongole et d’utiliser le secret qu’elle détenait, à savoir la technique de fabrication de la porcelaine bleu et blanc.
Si une certaine clientèle lettrée restait encore très attachée au côté très épuré des compositions produites sous la dynastie des Song, la sinisation des décors de la porcelaine bleu et blanc et les progrès techniques de sa fabrication ont fini par conquérir les plus réfractaires.
Les objets en porcelaine bleu et blanc ont été alors commandés en très grande quantité pour trôner dans les palais, les temples, les jardins et les bâtiments publics. L’administration Ming réservait certains fours à Jingdezhen et réquisitionnait les meilleurs artisans, potiers et décorateurs sur porcelaine, pour fabriquer les plus belles pièces sur lesquelles étaient apposées les marques impériales. Toute tentative de contrefaçon était sanctionnée par la peine de mort. Chaque objet était contrôlé avec une extrême minutie et ceux qui étaient considérés comme non conformes finissaient dans des fosses situées près des fours de cuisson.
Les objets en porcelaine bleu et blanc furent exportés en masse en Asie du Sud-est, en Inde, en Iran, au Proche-Orient et sur la côte orientale de l’Afrique.
Sous la dynastie des Qing
Cette dynastie, d’origine mandchoue, est la dernière dynastie impériale qui a régné sur l’Empire de Chine, de 1644 à 1912. La porcelaine bleu et blanc va atteindre la quintessence du raffinement sous le règne de l’empereur Kangxi.
Puis, elle sera rejointe par d’autres types de porcelaines plus colorées, comme les porcelaines de la « famille verte » et celles de la « famille rose ».
2. Les premières techniques de fabrication de la porcelaine bleu et blanc
Sous la dynastie Yuan, elle était fabriquée à partir d’une « pierre à porcelaine » extraite des environs de Jingdezhen, mêlée à du kaolin dans des proportions qui ont évolué selon les époques. De très nombreuses étapes étaient nécessaires pour l’obtention d’une matière première parfaite pour la production d’objets en porcelaine.
L’artisan potier pouvait ensuite lui donner la forme voulue, et après ébarbage pour éliminer le surplus d’argile, le décor bleu à base d’oxyde de cobalt était peint directement sur la pâte crue. Puis, la pièce était recouverte d’une glaçure translucide et cuite en un seul passage dans des fours à haute température entre 1280 °C et 1350 °C.
3. L’influence culturelle de la porcelaine bleu et blanc
Son exportation à travers le monde a encouragé le développement de la porcelaine. La « Compagnie des Indes orientales » néerlandaise et britannique a joué un rôle clé dans cette diffusion, faisant de la porcelaine chinoise un symbole de statut social et de raffinement.
Ainsi, aux Pays-Bas, des potiers ont commencé à fabriquer leur propre céramique bleu et blanc. En utilisant une argile d’une extrême finesse comme le faisaient les Chinois, ils ont produit des objets dits « porcelaine de Delft » avec des décors d’une grande délicatesse, mais leur céramique était opaque. En effet, il s’agissait en fait de faïence, car ils ne disposaient pas alors de kaolin.
Aujourd’hui, la porcelaine bleu et blanc est présente dans des collections de musées dans le monde entier et continue à influencer de nombreux artistes et designers.
Article rédigé par
Maison Manoï