La coutellerie française est reconnue à travers le monde pour son savoir-faire artisanal, son raffinement et son héritage qui se transmet de génération en génération, depuis le XVIIIe siècle. De grands maîtres couteliers français pérennisent ainsi une tradition d’excellence, en alliant techniques ancestrales et innovation. Dans cet article, nous allons à la rencontre de 5 grands maîtres couteliers français, afin de découvrir qui sont ces hommes qui ont forgé leur renommée dans cet art ancien et fascinant. Portraits.
Portraits de 5 grands maîtres de la coutellerie française : un héritage d’excellence
La coutellerie : un savoir-faire historique profondément enraciné
La coutellerie en France est une tradition qui remonte à plusieurs siècles et les villes de Thiers et Laguiole sont particulièrement célèbres pour leur production de couteaux d’exception.
Le métier de coutelier, au-delà d’une simple production d’objets utilitaires, est un véritable art qui nécessite de la patience, une grande précision et une parfaite connaissance des matériaux employés.
Ce savoir-faire a été transmis de génération en génération, durant lesquelles des maîtres couteliers ont produit d’authentiques œuvres d’art. Aujourd’hui, d’autres artisans perpétuent cette tradition, tout en innovant dans leurs techniques.
1. Les Grangeret
Ce sont quatre générations de couteliers-orfèvres parisiens qui ont œuvré de 1735 à 1834 (Louis Grangeret, ses deux fils, Simon-Pierre et Pierre, puis Pierre-François Grangeret et son fils).
Louis Grangeret est reçu maître coutelier comme apprenti en 1735. Puis ses deux fils, Simon-Pierre et Pierre Grangeret le sont aussi en tant que fils de maître. Un arrêt de la Cour des monnaies accorde à Simon-Pierre le « K » couronné pour poinçon, tandis que Pierre reçoit un « H » couronné. Pierre Grangeret était alors le coutelier attitré de Louis XVI.
Quant à Pierre-François Grangeret, l’unique héritier de Pierre Grangeret, il reçoit en 1805 un poinçon d’orfèvre comportant un triangle avec une tête de Mercure au-dessus. En 1806, il devient coutelier en titre de Napoléon. Depuis 1872, on peut admirer une de ses magnifiques réalisations, au Musée du Louvre. Il s’agit d’un couteau à manche d’ivoire orné d’un médaillon en or ciselé portant les armes de France.
Son fils a continué l’activité de coutellerie, mais il n’avait plus les titres honorifiques de son père.
2. Pierre-Jean Calmels
L’histoire débute en 1829, lorsque ce coutelier s’installe à Laguiole dans le Puy-de-Dôme. Il est très jeune, à peine 16 ans, mais son travail acharné lui permet de créer un couteau qui allie le côté pratique et l’élégance. C’est pourquoi la fabrication de ce couteau unique à partir du Capuchadou utilisé dans l’Aveyron et le Navaja à lame repliable originaire d’Espagne connaît un succès fulgurant. C’est la naissance du Laguiole, un couteau fermant à cran forcé.
Très vite, Pierre-Jean Calmels produit des couteaux haut de gamme avec un manche en ivoire et une lame « Yatagan », tout en continuant à confectionner des couteaux plus basiques à manche de corne.
Vers 1840, il ajoute, sur les couteaux bon marché, un poinçon qui s’articule sur le talon du manche. Cette adjonction va remporter un franc succès auprès de sa clientèle rurale, car elle permet de réparer rapidement les harnais ou de retirer les cailloux qui viennent se glisser sous les fers des bêtes de trait. C’est ainsi que le premier Laguiole devient le couteau de référence des paysans. Ce Laguiole évoluera peu, si ce n’est par l’ajout de mitres de laiton aux deux extrémités du manche pour le renforcer. À son décès en 1876, c’est son fils Pierre qui lui succède.
En 1880, apparaissent des motifs décoratifs sur les couteaux pliants Laguiole (fleur de lys, trèfle à quatre feuilles…), mais dans les années 1910, c’est l’abeille qui est choisie comme emblème du couteau Laguiole.
3. Joseph Opinel
Ce fils de forgeron fabrique des outils pour l’agriculture en Savoie et utilise ses heures de loisir à confectionner des couteaux de poche. En 1890, les habitants des villages alentour sont conquis par ce couteau dont le manche est en merisier et la lame en acier à haute teneur en carbone.
En 1909, il dépose la marque Opinel et la main couronnée du Duché de Savoie apparaît sur la lame ; elle permet d’authentifier le couteau et de respecter l’ordonnance royale de 1565. Le couteau Opinel obtient une médaille d’or pour son profilé et une reconnaissance internationale. Opinel fait partie du patrimoine culturel ; il est référencé dans le dictionnaire Larousse depuis 1989.
4. Claude Dozorme
C’est Blaise Dozorme, surnommé « le Loup » par ses pairs qui débute, en 1902, une longue lignée de maîtres couteliers. Sa maîtrise parfaite de l’acier le pousse à commencer une carrière de coutelier en installant un petit atelier dans sa maison, à Monnerie-le-Montel, non loin de Thiers.
Son fils Valentin reprend le flambeau en 1918, mais c’est Claude, petit-fils de Blaise, qui donnera, dans les années 1970, une véritable ampleur à l’entreprise familiale par ses investissements massifs dans l’outillage et par son goût de l’innovation. Il décide de déposer la marque Claude Dozorme et crée le premier couteau Laguiole non fermant de table du marché. Il est alors reconnu officiellement « Maître artisan coutelier ».
5. Pascal Renoux
Ce coutelier autodidacte est passionné par le monde des couteaux. Après une formation de designer et un passage dans la ferronnerie de son beau-père, il s’installe à Barret près de Barbezieux. En 2018, il est sacré meilleur ouvrier de France en coutellerie d’art pour son savoir-faire d’exception. C’est lui qui façonne chaque objet et ses couteaux sont dédiés à tous ceux qui sont à la recherche d’un produit haut de gamme.
Il utilise essentiellement l’os et le bois pour les manches et les lames sont fabriquées avec de l’acier travaillé à la forge, et plus particulièrement du Damas.
Article rédigé par
Claude Dozorme