Verre soufflé bouche et verre pressé moulé : origine et techniques de fabrication

Verre soufflé bouche et verre pressé moulé : origine et techniques de fabrication

Verre soufflé bouche et verre pressé moulé : origine et techniques de fabrication

L’art du verre est une tradition millénaire qui a évolué et s’est perfectionné au fil du temps. Parmi les techniques de fabrication les plus emblématiques de cet artisanat, on trouve le verre soufflé bouche et le verre pressé moulé. Chacune de ces méthodes nécessite un savoir-faire exceptionnel, une maîtrise parfaite des matériaux et des outils spécifiques.

Les origines du verre

Les premiers verres fabriqués par l’homme remontent à 3 000 ans av. J.-C., mais pour que le verre devienne translucide, il est nécessaire de le travailler à une température d’environ 1 300 °C. C’est pourquoi il a fallu attendre 1 500 ans av. J.-C. et la conception de fours permettant d’atteindre cette température pour y parvenir.

D’après certains chercheurs, l’invention du verre transparent daterait du Ier siècle av. J.-C. et aurait été faite à Sidon en Phénicie. Pour d’autres, elle doit être attribuée soit à l’Orient, soit aux Égyptiens.

Coupe glacée La Rochère
Coupe glacée La Rochère

Le verre soufflé bouche

Le verre soufflé bouche a fait également son apparition au Ier siècle av. J.-C., avec l’invention de la canne à souffler en Syrie. On peut d’ailleurs admirer cette technique grâce à des peintures découvertes dans un hypogée de Beni Hassan, ville de l’Égypte antique, sur lesquelles sont représentés des artisans thébains soufflant le verre au bout de ces cannes. L’avantage de cette technique réside dans le fait que l’artisan ne travaille pas trop près de la source de chaleur et peut ainsi donner naissance à des pièces qui mesurent plusieurs dizaines de centimètres.

L’utilisation de cet outil a favorisé l’apparition du verre incolore grâce à l’adjonction de manganèse et celui-ci s’est répandu à partir du IIIe siècle.

La technique du verre soufflé bouche consiste à produire la paraison, c’est-à-dire la partie haute du verre (le buvant). Ce procédé permet de créer des formes plus libres que celui du verre pressé moulé. Il s’agit d’un artisanat de haut niveau et l’on peut reconnaître les pièces ainsi réalisées en raison de la légère trace de dépression laissée par le « pointil ». La fabrication se déroule en plusieurs étapes.

1ère étape
Elle est assurée à partir du verre en fusion par plusieurs artisans qui interviennent à tour de rôle. Le premier cueille avec sa canne à souffler la quantité de verre dont il a besoin. Le deuxième applique à la canne une rotation constante pour créer différents motifs ornementaux, tout en soufflant brièvement et en rebouchant aussitôt l’orifice de la canne pour éviter que l’air chaud reflue. Le troisième nommé « grand gamin » doit ensuite refroidir certaines parties en utilisant des jets d’air comprimé. Puis vient le moment de faire apparaître la forme en étirant le col ou le pied du verre avec une pince. Enfin, le « chef de la place » intervient ; c’est l’artisan qui est chargé de donner à la pièce sa forme définitive. Celle-ci, alors qu’elle est encore chaude, est reprise ensuivant par le « grand gamin » à l’aide d’un autre type de canne que l’on appelle le « pontil ».

Toutes ces manipulations nécessitent une concentration absolue des ouvriers, afin qu’ils effectuent chaque geste avec un maximum de précaution, pour fabriquer des pièces parfaites et préserver leur sécurité.

2ème étape
Elle consiste à vérifier la qualité des pièces. Celles qui ne correspondent pas aux critères requis sont mises de côté. Elles seront utilisées par la suite sous la forme de morceaux de verre concassés (les groisils).

3ème étape
Les pièces jugées recevables sont prêtes à être installées dans le four à recuire afin d’éliminer les éventuelles tensions intérieures. À leur sortie, elles seront une fois de plus contrôlées et, si le résultat est satisfaisant, elles passeront à l’épreuve du meulage et du polissage.

4ème étape
Après le meulage et le polissage qui vont permettre d’éliminer au maximum toute trace laissée par le « pointil » sur la partie haute du verre, les pièces destinées à la fabrication de verres à boire vont subir d’autres étapes comme le découpage de la calotte du verre. Puis ce sont les bords de celui-ci qui seront travaillés pour qu’ils soient parfaits. Cette étape requiert de chauffer le verre devant une flamme de bec Bunsen, ce qui peut provoquer de nouvelles tensions intérieures qui entraîneront un passage supplémentaire dans le four à recuire suivi d’une ultime vérification.

5ème étape
Les verres retenus sont ensuite transférés dans l’atelier de décoration, dans lequel se pratique un travail à froid (taille du verre, gravure, peinture, dorure…), ce qui permet d’obtenir des pièces uniques qui témoigneront du savoir-faire de l’artisan.

Collection Artois de La Rochère
Collection Artois de La Rochère

Le verre pressé moulé

Il s’agit d’une technique industrielle qui a permis de mécaniser une pratique manuelle datant de 1 500 ans av. J.-C. Elle s’est particulièrement développée aux États-Unis durant le XIXe siècle.

La méthode consiste à employer le verre en fusion, comme dans le soufflé bouche, mais en le coulant dans un moule qui peut être en fonte ou en acier. La matière est ensuite fortement pressée à l’intérieur de ce dernier afin qu’elle épouse parfaitement son relief.

Pour le célèbre verrier Lalique, il n’était pas question d’utiliser ce procédé pour reproduire rapidement et à moindre coût des formes traditionnelles. Son désir était d'explorer toutes les possibilités et de les combiner avec d’autres techniques. C’est ainsi qu’en 1911, il créa un flacon « l’Idylle » pour le parfumeur François Coty.

Mais il ne s’arrêta pas là et, en 1925 à l’occasion de l’exposition des arts décoratifs à Paris, il présenta une fontaine lumineuse en verre moulé pressé, partiellement dépoli, d’une hauteur de 15 m avec 17 étages comportant 128 cariatides. En contemplant cette œuvre, la romancière Colette déclara qu’elle était « merveilleuse ». Lalique démontrait ainsi que le verre moulé pressé méritait de figurer aux côtés du verre soufflé bouche dans l’univers de l’artisanat de luxe. Cette technique a d’ailleurs encore toute sa place dans de nombreuses manufactures.

Verre pressé La Rochère
Verre pressé La Rochère

Article rédigé par Thierry Villotte

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